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L’intelligence artificielle va-t-elle tous nous remplacer à notre poste d’ici quelques années ?

Tout dépend de votre métier selon la dernière étude d’OpenAI, la startup à l’origine de ChatGPT.

Les professions les plus menacées

De l’avis des médias comme du grand public, l’IA générative serait en bonne voie pour changer le monde ! Trois mois à peine après son lancement, le phénomène ChatGPT n’en finit plus de faire parler de lui et OpenAI vient même de sortir en fanfare la quatrième version de son produit phare. À en croire les experts Twitter et les futurologues LinkedIn, nous assistons actuellement à une révolution industrielle et anthropologique à mi-chemin entre l’invention de l’imprimerie, l’arrivée des machines à vapeur et l’avènement d’internet … l’effervescence médiatique, elle, est en tout cas bien réelle. Et du côté des performances de l’outil ? GPT-4 vient de réussir l’examen du barreau américain haut la main, se classant parmi le top 10% des meilleurs élèves. De quoi donner raison aux Cassandre prédisant la fin prochaine du travail intellectuel et la disparition de tous les cols blancs de la planète.

Pour y voir plus clair, OpenAI a décidé de se pencher elle-même sur le sujet afin de déterminer si oui ou non, son IA générative allait détruire le monde du travail et quand (histoire qu’on puisse se préparer un peu !). C’est d’autant plus urbain de sa part que Google, Microsoft et consorts s’apprêtent également à jeter toutes leurs forces dans la bataille et ont déjà annoncé l’arrivée imminente de cette technologie au sein de leurs vastes écosystèmes. Les chercheurs de la startup de Sam Altman, en collaboration avec l’université de Pennsylvanie, ont ainsi examiné près de 1 000 professions aux Etats-Unis en les décomposant chacune en plusieurs tâches afin de mesurer l’impact possible de l’IA sur celles-ci. Et le verdict est sans appel : l’IA est en mesure d’impacter 80% de la main d’œuvre américaine en remplaçant au moins 10% de ses tâches. Pour 19% des travailleurs américains, c’est même la moitié de leurs tâches qui pourraient être prises en charge par un modèle d’IA semblable à ChatGPT ! Sachant que les intelligences artificielles de ce type sont en progrès constant, ce n’est donc pas anodin.

Les secteurs les plus concernés  ? Journalisme, éducation, finance, ingénierie, graphisme. Les emplois à haut revenu seraient les plus menacés, en particulier les postes qui impliquent l’utilisation d’un logiciel informatique pour faire de la gestion, de l’analyse ou de la création. A l’inverse, les professions qui « dépendent fortement de la science et des compétences issues de la pensée critique » seraient moins affectées. Enfin, cela va sans dire, les métiers manuels n’ont a priori pas d’inquiétude à se faire à court terme.

Voici la liste non-exhaustive des métiers fortement exposés selon OpenAI :

  • Analyste (information, finance)
  • Comptable
  • Concepteur designer de sites Web
  • Correcteur
  • Ecrivain / auteur / journaliste / parolier
  • Graphiste
  • Ingénieur blockchain
  • Mathématicien
  • Traducteur
  • Spécialiste relations publiques
  • Sténographe

Des données à prendre avec des pincettes

OpenAI a néanmoins tenu à nuancer les résultats de son étude. Premièrement, elle ne porte que sur les Etats-Unis. Les pays avec une organisation industrielle, des infrastructures ou des cadres réglementaires différents pourraient ne pas subir le même impact. Deuxièmement, l’intelligence artificielle générative est encore largement faillible et sans intervention humaine en amont ou en aval, on ne peut pas vraiment lui confier des tâches importantes les yeux fermés. Du moins pas encore…

Enfin, les auteurs expliquent également à quel point leurs données sont générales et imprécises. En effet, difficile de savoir pour chaque profession à quel point elles se résument uniquement à une addition de tâches et « si cette approche omet certaines catégories de compétences qui sont requises de façon tacite pour la bonne exécution d’un travail ». Les soft skills restent encore l’apanage des humains et on peut difficilement prédire à quel point un poste ou un métier peut être automatisé à 100% ou si l’IA serait plus utile dans le rôle d’assistant.

Prenons l’exemple très parlant du métier de journaliste. A l’image du média américain CNET, qui a déjà licencié une douzaine de ses rédacteurs pour confier leur rôle à ChatGPT (encadré par une rédactrice en chef spécialiste de l’IA), le métier peut-il disparaître à plus ou moins brève échéance ? Une partie du métier sans doute, mais probablement pas la totalité des journalistes.

Si la plupart des rédacteurs de dépêche des médias du groupe Axel Springer ont ainsi été remerciés au profit de l’intelligence artificielle, la direction du groupe précise que cette économie lui permet de mettre l’accent sur le journalisme d’investigation et la production d’analyses réellement originales. Dans une lettre interne à ses salariés, le PDG Mathias Doepfner a clairement expliqué ce virage stratégique : « Les outils d’IA tels que ChatGPT promettent une révolution dans le domaine de l’information et ils seront bientôt plus performants que les journalistes humains en matière d’agrégation d’informations. Comprendre ce changement est essentiel pour la viabilité future d’un éditeur de presse. Seuls ceux qui créent le meilleur contenu original survivront. »

En clair, les reporters de terrain, les auteurs à la plume incisive et les rédacteurs spécialisés verront leur importance renforcée face à l’IA, qui pourrait en revanche bel et bien balayer tous les autres postes peu spécialisés se contentant de relayer des informations disponibles publiquement. Un aperçu intéressant des évolutions qu’entraineront les IA génératives sur le marché du travail : plus qu’une destruction pure et simple d’emplois intellectuels, on pourrait assister à une réallocation des compétences et peut-être, espérons-le, en finir définitivement avec les bullshits job ! Merci ChatGPT  ? Réponses dans quelques semaines !

Source :Hugo Diverres / Hellowork
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